"L'ESPAGNE RECONNAÎTRA UNILATÉRALEMENT LA PALESTINE MÊME SI L'UE NE LE FAIT PAS"
Paris / La Gazette
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a annoncé que Madrid reconnaîtrait unilatéralement un État palestinien indépendant, même si une telle décision va à l'encontre de l'avis de l'Union européenne, car il a déclaré que le récent accord sur les otages n'était pas suffisant et qu'un cessez-le-feu permanent était nécessaire.
"Je pense que le moment est venu pour la communauté internationale, en particulier pour l'Union européenne et ses États membres, de reconnaître l'État de Palestine", a estimé M. Sanchez lors d'une conférence de presse tenue vendredi du côté égyptien du poste-frontière de Rafah.
M. Sanchez a déclaré que, dans l'idéal, la reconnaissance se ferait en une seule fois, avec la participation d'au moins plusieurs États membres.
"Mais si ce n'est pas le cas, bien sûr, l'Espagne prendra ses propres décisions", a clamé le PM espagnol nouvellement réélu, qui avait précédemment promis que la reconnaissance de l'État de Palestine était une priorité de son prochain mandat.
Le premier ministre belge Alexander De Croo a rejoint M. Sanchez lors de sa tournée en Israël, en Palestine et en Égypte.
Il a exhorté que la première priorité était de libérer les otages détenus par le Hamas et de contribuer à atténuer la crise humanitaire dans la bande de Gaza.
"Ensuite, nous devrons nous asseoir autour d'une table et discuter du sujet", a insisté M. De Croo.
M. Sanchez a également souligné que la pause actuelle à Gaza n'était pas suffisante et qu'un cessez-le-feu permanent était nécessaire.
Par ailleurs, le conseil municipal de Barcelone a approuvé vendredi une déclaration suspendant les relations avec Israël jusqu'à ce qu'il y ait un cessez-le-feu permanent à Gaza et que le pays "respecte les droits fondamentaux du peuple palestinien".
La déclaration condamne toutes les attaques contre la population civile, tant par le Hamas que par Israël, ainsi que "toute punition collective, tout déplacement forcé, toute destruction systématique de maisons et d'infrastructures civiles, ainsi que le blocus de l'énergie, de l'eau, de la nourriture et des fournitures médicales à la population de la bande de Gaza".
Selon la déclaration approuvée par Barcelone, les principaux obstacles à une paix durable sont "l'occupation et la colonisation des territoires palestiniens" et le "déni des droits" de la population.
M. Sanchez a également annoncé que Madrid enverrait environ quatre tonnes d'aide humanitaire à l'Égypte pour aider les Palestiniens déplacés à Gaza.
À l'issue de leur rencontre, le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi a fait remarquer lors d'une conférence de presse que l'Égypte acheminait la majeure partie de l'aide humanitaire destinée aux Palestiniens et que la communauté internationale devait offrir davantage d'aide à la population en difficulté.
"Nous ne fermerons pas Rafah", a-t-il insisté, en référence à la seule entrée de la bande de Gaza assiégée.
M. De Croo a également demandé à Israël d'ouvrir d'autres accès à Gaza "parce que des civils innocents souffrent et qu'ils ont besoin d'aide".
Les trois dirigeants se sont félicités de la pause humanitaire à Gaza, qui a débuté vendredi matin, et ont exhorté Israël à la rendre permanente.
Ils ont également discuté de ce que pourrait être une paix à long terme en Israël et en Palestine, étant donné que la visite de M. Sanchez est en grande partie axée sur la création d'une dynamique en vue d'une conférence de paix internationale qui déboucherait sur une solution à deux États.
Le dirigeant égyptien a rappelé à ses homologues européens que les pourparlers de paix ont échoué pendant 30 ans et que, par conséquent, "nous devons être réalistes".
Il a suggéré que la communauté internationale prenne les rênes.
"Nous avons besoin d'une reconnaissance internationale de l'État palestinien et l'ONU doit intervenir. Aller dans cette direction refléterait le sérieux de la communauté internationale pour parvenir à la paix dans notre région", a martelé M. El-Sissi, expliquant son idée d'un État palestinien démilitarisé avec les frontières de 1967, éventuellement avec la présence de forces internationales.
Il a remercié les dirigeants espagnol et belge pour leurs positions "positives" sur Gaza.
L'Espagne assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l'UE. En janvier, ce poste sera cédé à la Belgique.