LA BERD EST PRÊTE À S'ENGAGER AVEC L'AZERBAÏDJAN EN CAS DE DÉCISION D'ÉTENDRE LE CORRIDOR GAZIER SUD EUROPÉEN, DIT SA PRÉSIDENTE ODILE RENAUD-BASSO
Paris / La Gazette
Le Corridor gazier Sud européen est extensible, et si une décision est prise en ce sens, nous serons heureux de nous engager avec l'Azerbaïdjan, a déclaré Odile Renaud-Basso, présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), dans une interview exclusive accordée à notre publication avant son déplacement à venir à Bakou.
« Historiquement, nous avons eu une coopération très fructueuse avec l'Azerbaïdjan. Dans le passé, la banque a soutenu le projet de Corridor gazier Sud - européen (Southern Gas Corridor-SGC) avec 1,7 milliard d'euros de financement par le biais de Shah Deniz 2, les gazoducs TANAP et TAP. Actuellement, notre objectif stratégique est de soutenir le développement du secteur non pétrolier du pays, notamment les énergies renouvelables. Après la signature et l'approbation de la loi sur les énergies renouvelables par le Président Aliyev, nous avons investi 21,4 millions d'euros dans la première centrale solaire privée à Garadagh. Il s'agit d'un accord important qui devrait ouvrir la voie à d'autres projets d'énergie renouvelable en Azerbaïdjan », a-t-elle déclaré.
Odile Renaud-Basso a souligné qu'au niveau politique, la BERD a récemment aidé le ministère de l'Energie du pays en question à élaborer un cadre pour les énergies renouvelables, comprenant un régulateur de l'énergie et des enchères pour les énergies renouvelables.
« Nous avons également aidé le ministère à réaliser une étude sur le renforcement du réseau. Nous sommes maintenant prêts à investir dans l'amélioration du réseau dans tout l'Azerbaïdjan, ce qui est une condition préalable à la poursuite du développement de son secteur des énergies renouvelables. La Banque est disposée à étudier les possibilités d'investir dans d'autres projets d'énergie renouvelable. Nous nous préparons à investir dans une centrale éolienne, la première du genre, sur la péninsule d'Abchéron. Nous comprenons que la capacité du SGC est extensible, et si une décision est prise en ce sens, nous serons heureux de nous engager avec l'Azerbaïdjan. Toutefois, pour que la Banque puisse financer le projet, celui-ci devra être conforme aux objectifs de l'Accord de Paris et à l'approche de la Banque en matière de combustibles fossiles, y compris l'atténuation du risque d'enfermement du carbone, grâce à l'amélioration de la capacité de transport des gaz à faible teneur en carbone », a-t-elle ajouté.
L'Europe reçoit du gaz naturel d'Azerbaïdjan (projet Shah Deniz 2 en mer Caspienne) via le SGC, qui se compose du gazoduc du Caucase du Sud (SCP - Azerbaïdjan et Géorgie), du gazoduc transanatolien (TANAP, Turquie) et du gazoduc transadriatique (TAP - Grèce, Albanie, mer Adriatique et Italie). L'Italie est le principal marché pour ce gaz, avec environ 80 à 85 % des volumes transportés par le TAP depuis le début. Pour ce pays, le SGC et le TAP sont très importants car ils permettent à l'Italie d'augmenter et de diversifier ses approvisionnements en gaz, en particulier dans le contexte très difficile de la guerre en Ukraine et de ses graves répercussions sur les approvisionnements énergétiques russes à l'Union européenne (UE). C'est la raison pour laquelle, avant la guerre, ce projet était considéré par l'UE comme un projet d'intérêt commun (PIC). C'est la première fois que le gaz de la mer Caspienne arrive en Europe.
Le SGC a ouvert une nouvelle source de gaz pour l'UE et qu'il pourrait être utilisé à l'avenir pour transporter du gaz produit dans des pays de la région Caspienne autres que l'Azerbaïdjan.
La capacité initiale du TAP est de 10 milliards de mètres cubes (bcm) par an. En 2021, les approvisionnements en gaz de l'Azerbaïdjan vers l'Europe étaient de 8,1 milliards de m3 et ils devraient atteindre 12 milliards de m3/an en 2022-2023.
Le 18 juillet 2022, l'Union européenne et l'Azerbaïdjan ont signé un protocole d'accord (MOU) sur un partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie. L'Azerbaïdjan s'est engagé à doubler à 20 bcm/an la capacité du TAP d'ici 2027. Dès le départ, le TAP a été conçu avec une capacité possible de 20 milliards de m3/an. Pour cela, deux stations de compression supplémentaires seraient nécessaires, une en Grèce et une en Albanie. Ce protocole d'accord s'inscrit dans le cadre des stratégies globales de l'UE en matière de gaz et d'énergie depuis le début de la guerre en Ukraine. L'UE veut se débarrasser du gaz russe d'ici 2027 et a signé des accords avec différents pays exportateurs de gaz, notamment les États-Unis et l'Égypte/Israël.
