KADRI SIMSON : LE CORRIDOR GAZIER SUD D'AZERBAÏDJAN AIDE L'UNION EUROPEENNE A MAITRISER LES PRIX
Paris / La Gazette
Interview par Leman Zeynalova
Dans le contexte actuel de hausse des prix de l'énergie et de limitation des volumes de gaz sur le marché, l'importance du Corridor gazier Sud [Southern Gas Corridor-SGC] pour renforcer la sécurité d'approvisionnement de l'Europe n'a fait que croître, a déclaré la commissaire européenne à l'énergie, Kadri Simson, dans une interview exclusive accordée à La Gazette.
« L'Azerbaïdjan offre à l'UE des approvisionnements en gaz à partir d'une nouvelle source et via une nouvelle route. Je suis convaincu que le TAP [gazoduc transadriatique] a un impact positif sur les pays et les régions qu'il dessert et qu'il contribue grandement à un approvisionnement fiable, compétitif et abordable en Europe du Sud-Est. Le SGC revêt une importance stratégique pour l'Union européenne », lance-t-elle.
La commissaire à l'énergie rappelle que les premiers flux du TAP ont commencé en décembre 2020 et seront portés à leur plein potentiel de 10 milliards de mètres cubes (mmc) d'ici cet été.
« Une partie de cette capacité est utilisée sur le marché de l'Europe du Sud, ce qui rend cette région moins dépendante d'un seul fournisseur. La capacité restante arrive en Italie et permet au marché italien du gaz de diversifier davantage ses options d'approvisionnement, de renforcer la sécurité d'approvisionnement et de rendre le marché du gaz plus liquide et plus compétitif », ajoute Mme Simson.
Elle poursuit en disant que toute offre nouvelle ou supplémentaire contribue à réduire la pression sur les prix.
« L'arrivée des approvisionnements en provenance du Corridor gazier Sud sur le marché italien du gaz a d'abord eu un effet significatif sur la réduction du prix de gros du gaz sur ce marché. C'est la meilleure preuve que des marchés du gaz ouverts et concurrentiels, avec des routes du gaz diversifiées, constituent la meilleure option pour l'UE afin de maîtriser les prix du gaz. Le SGC aide l'UE à atteindre cet objectif. C'est pourquoi nous nous réjouissons de la coopération énergétique stratégique avec l'Azerbaïdjan », explique-t-elle.
S'agissant des mesures visant à atténuer la crise du gaz en Europe, Mme Simson précise que, dès le mois d'octobre, la Commission a fourni une boîte à outils avec une sélection de mesures pour les États membres afin d'atténuer l'impact des prix élevés, en particulier sur les personnes vulnérables.
« Outre les mesures destinées à soutenir les consommateurs finaux, par exemple par le biais de paiements sociaux ou de réductions d'impôts, il existe également des mesures à moyen et long terme visant à accroître la résilience en réduisant la dépendance aux importations. Cet objectif peut être atteint par des gains d'efficacité énergétique (c'est-à-dire la réduction de la consommation), l'intensification des investissements dans les énergies renouvelables ainsi que l'amélioration du fonctionnement du marché du gaz. Plus de 20 États membres ont pris les mesures décrites dans la boîte à outils et notre analyse préliminaire montre que ces mesures s'élèvent à environ 21 milliards d'euros. La Commission elle-même a proposé en décembre de modifier la législation européenne afin d'améliorer l'utilisation du stockage du gaz, de créer la possibilité d'achats groupés volontaires de réserves de gaz et de renforcer la solidarité entre les États membres en cas de crise d'approvisionnement. En outre, nous nous adressons à nos principaux fournisseurs - dont l'Azerbaïdjan - pour étudier les possibilités d'accroître l'approvisionnement de l'UE. Cela permettrait à la fois de réduire la pression sur les prix et de renforcer la sécurité de l'approvisionnement », souligne-elle.
Kadri Simson évoque également le travail effectué pour atteindre l'émission zéro en Europe.
« Nous sommes sur la bonne voie. L'UE est parvenue à un accord unanime sur l'objectif à long terme d'atteindre la neutralité climatique d'ici 2050 et a également fixé un objectif commun pour 2030. Cet objectif est concrétisé par la loi européenne sur le climat, qui est entrée en vigueur l'année dernière. En juillet et en décembre de l'année dernière, la Commission a présenté des propositions concrètes pour atteindre nos objectifs. Le paquet comprend plus d'une douzaine de mesures intersectorielles et aidera l'UE à réduire ses émissions d'au moins 55 % d'ici à 2030 », dit la commissaire européenne.
Elle souligne que l'UE a atteint avec succès son objectif en matière d'énergies renouvelables pour 2020 et qu'elle est proche de son objectif en matière d'efficacité énergétique pour la même période.
« Nous sommes donc en bonne voie pour atteindre ses objectifs intermédiaires en 2030 et la neutralité climatique en 2050. 75% des émissions globales de gaz à effet de serre de l'UE résultent de la production et de l'utilisation d'énergie. Il sera donc important de décarboniser rapidement le secteur de l'énergie, par exemple en électrifiant les secteurs des transports, du chauffage et du refroidissement. Le gaz naturel sera encore nécessaire pendant de nombreuses années au cours de la transition de l'UE, notamment pour remplacer les sources d'énergie plus polluantes », conclut Mme Simson.
