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L'ÉCONOMIE MONDIALE "BOITE", LE CONFLIT AU MOYEN-ORIENT POSE DE NOUVEAUX RISQUES SELON LE FMI

10 Octobre 2023 15:35 (UTC+01:00)
L'ÉCONOMIE MONDIALE "BOITE", LE CONFLIT AU MOYEN-ORIENT POSE DE NOUVEAUX RISQUES SELON LE FMI
L'ÉCONOMIE MONDIALE "BOITE", LE CONFLIT AU MOYEN-ORIENT POSE DE NOUVEAUX RISQUES SELON LE FMI

Paris / La Gazette

L'économie mondiale a perdu du terrain en raison de l'impact de la hausse des taux d'intérêt, de l'invasion de l'Ukraine et de l'aggravation des tensions géopolitiques, et elle est désormais confrontée à de nouvelles incertitudes liées au conflit entre Israël et le groupe de résistance palestinien Hamas, a averti mardi le Fonds monétaire international (FMI).

Dans ses dernières Perspectives de l'économie mondiale, le FMI a réduit ses prévisions de croissance pour la Chine et la zone euro et a déclaré que la croissance mondiale globale restait faible et inégale malgré ce qu'il a appelé la "force remarquable" de l'économie américaine.

L'organisation s'attend à ce que la croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial ralentisse à 2,9 % en 2024, contre 3 % prévus cette année. Les prévisions pour l'année prochaine sont inférieures d'un cran aux 3 % annoncés en juillet.

Cette décélération intervient alors que le monde ne s'est pas encore totalement remis d'une récession de la pandémie dévastatrice de COVID-19 mais de courte durée en 2020 et qu'il pourrait maintenant subir les retombées du conflit au Moyen-Orient, en particulier sur les prix du pétrole.

Une série de chocs antérieurs, dont la pandémie et l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a réduit la production économique mondiale d'environ 3 700 milliards de dollars au cours des trois dernières années par rapport aux tendances antérieures à la crise de COVID-19.

"L'économie mondiale boite, elle ne sprinte pas", a estimé Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI.

Le FMI prévoit une croissance de 3 % cette année, contre 3,5 % en 2022, mais sans changement par rapport à ses projections de juillet.

M. Gourinchas a déclaré que l'économie mondiale continuait à se remettre de la COVID-19, de la campagne militaire russe en Ukraine et de la crise énergétique de l'année dernière, mais que des tendances de croissance divergentes signifiaient des perspectives "médiocres" à moyen terme.

Il a ajouté que les prévisions indiquaient généralement un redressement en douceur, mais que le FMI restait préoccupé par les risques liés à la crise immobilière en Chine, à la volatilité des prix des matières premières, à la fragmentation géopolitique et à la résurgence de l'inflation.

Un nouveau risque est apparu sous la forme du conflit entre Israël et le Hamas au moment même où les représentants de 190 pays se réunissaient à Marrakech pour les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, mais après que la mise à jour des perspectives trimestrielles du FMI a été bloquée le 26 septembre.

Il est "trop tôt" pour évaluer l'impact sur la croissance économique mondiale du conflit qui dure depuis plusieurs jours à Gaza, a expliqué M. Gourinchas. Il a indiqué que le FMI "suivait la situation de près" et que les prix du pétrole avaient augmenté d'environ 4 % au cours des derniers jours.

"Nous avons vu cela lors de crises et de conflits précédents. Et bien sûr, cela reflète le risque potentiel de perturbation de la production ou du transport du pétrole dans la région", a-t-il évoqué.

Si elle se maintenait, une augmentation de 10 % des prix du pétrole réduirait la croissance économique mondiale de 0,15 % et augmenterait l'inflation mondiale de 0,4 %, a prédit M. Gourinchas.

"Mais encore une fois, j'insiste sur le fait qu'il est vraiment trop tôt pour tirer des conclusions hâtives", a-t-il ajouté.

Selon le FMI, l'impact persistant de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la fragmentation croissante, ainsi que la hausse des taux d'intérêt, les phénomènes météorologiques extrêmes et la diminution de l'aide fiscale, freinent la croissance.

"L'économie mondiale fait preuve de résilience. Elle n'est pas assommée par les grands chocs qu'elle a subis ces deux ou trois dernières années, mais elle ne se porte pas très bien non plus", a asséné M. Gourinchas. "Nous voyons une économie mondiale qui boite et qui n'est pas encore tout à fait en train de sprinter".

Les perspectives à moyen terme sont "plus sombres", en particulier pour les économies émergentes, qui sont confrontées à un rattrapage plus lent des niveaux de vie et à des problèmes d'endettement plus importants, a fait valoir M. Gourinchas lors d'une conférence de presse.

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