Lagazette

Paris appelle Alger à respecter sa souveraineté après des remarques de l'ambassadeur d'Algérie en France

21 Octobre 2021 05:00 (UTC+01:00)
Paris appelle Alger à respecter sa souveraineté après des remarques de l'ambassadeur d'Algérie en France
Paris appelle Alger à respecter sa souveraineté après des remarques de l'ambassadeur d'Algérie en France

Paris / Lagazetteaz

Paris a appelé mercredi au « respect » de sa souveraineté par Alger, après que l'ambassadeur d'Algérie en France eut incité la communauté algérienne à « constituer un levier de commande » pour intervenir dans la « vie politique française ».

« Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères a rappelé la semaine dernière le profond attachement de la France au respect de la souveraineté algérienne. Il va de soi que nous attendons aussi de tous nos partenaires le respect de notre souveraineté », a réagi le Quai d'Orsay.

Jeudi dernier, l'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, avait appelé la communauté algérienne de France à s'investir tant en Algérie qu'en France. « Il est inadmissible que l'Algérie qui possède la plus grande communauté étrangère en France avec 18 consulats, ne puisse pas constituer un levier de commande pour intervenir non seulement dans la politique algérienne, mais (aussi) au niveau de la politique française », avait-il déclaré à l'occasion d'une commémoration du massacre du 17 octobre 1961.

Ces échanges interviennent dans un contexte tendu entre Paris et Alger, après des propos d'Emmanuel Macron rapportés par le quotidien français Le Monde qui accusait le système « politico-militaire » algérien d'entretenir une « rente mémoriell » en servant à son peuple une « histoire officielle » qui « ne s'appuie pas sur des vérités ».

Les relations entre la France et l'Algérie sont toujours hantées par la guerre d'Algérie, qui a opposé l'Etat colonial français aux algériens appelant à l'indépendance, de 1954 à 1962. Alors qu'approchent des anniversaires importants, comme ceux des accords d'Evian du 18 mars 1962 mettant fin à la guerre, Emmanuel Macron a multiplié les initiatives mémorielles, dans une démarche inédite en France pour tenter d'apaiser la mémoire de ce conflit qui touche encore des millions d'habitants. Il a commandé à l'historien Benjamin Stora un rapport sur la question, et fait plusieurs gestes symboliques en direction de l'Algérie comme la restitution de restes de résistants algériens du XIXe siècle ou la reconnaissance de l'assassinat de l'avocat algérien Ali Boumendjel en 1957.

On notera toutefois qu'une trentaine seulement des crânes emportés par la France aux fins de prouver certaines théories eugénistes en vogue au XIXème siècle, n'a été restituée. Les autres, évalués à plusieurs centaines, restent stockés dans les caves du Musée de l'Homme et sont toujours considérés comme appartenant au patrimoine français.

Par ailleurs, si samedi, le président français a dénoncé pour la première fois des « crimes inexcusables pour la République », à l'occasion d'une cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre par la police française de manifestants algériens, le 17 octobre 1961 à Paris, il n'a pas mis en cause nommément l'Etat et la police française, au grand regret des associations de défense mémorielles.

Enfin, ses déclarations mettant en doute l'existence d'une nation algérienne avant la colonisation a profondément choqué les algériens, unanimes, toutes tendances politiques confondues, pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme une condescendance néo-colonialiste. Une maladresse, sans doute inspirée par la proximité des élections françaises, mais qui éloigne un peu plus la France de son anoienne colonie, dont elle n'est plus le partenaire privilégié.

Source: L'Orient-Le Jour

Loading...
L'info de A à Z Voir Plus