Rystad Energy: La pénurie de gaz en Europe peut se transformer en une crise mondiale
Paris / Lagazetteaz
Selon Sindre Knutsson, vice-président des marchés du gaz chez Rystad Energy, « la pénurie actuelle de gaz en Europe peut se transformer en une crise mondiale ».
« Les prix élevés du gaz et du GNL poussent les importateurs asiatiques à recourir davantage non seulement au charbon, mais aussi au pétrole pour la production d'électricité. Les pays qui ne peuvent pas se permettre le prix actuel (l'Asie du Sud) pourraient devoir arrêter l'approvisionnement en électricité. En Chine, le gouvernement est susceptible de couper l'approvisionnement des secteurs industriels afin de garantir le gaz pour le chauffage des maisons si l'hiver s'avère froid. Cela s'est déjà produit et peut se reproduire. En tant que tel, je pense que nous pouvons dire que cela peut devenir une crise mondiale », opine M. Knutsson.
Pour lui, l'équilibre du marché devrait s'améliorer après le prochain hiver.
« Si l'hiver s'avère froid, le déficit se prolongera jusqu'en 2022. Toutefois, si l'on fait abstraction des conditions météorologiques, nous prévoyons l'arrivée de nouvelles offres sur le marché l'année prochaine. Le démarrage de Nord Stream 2 (T1/T2 2022) et l'augmentation de l'offre de GNL (+20Mt en 2022) atténueront fondamentalement la pression à la hausse sur les prix. Cependant, nous nous attendons à ce que l'hiver reste tendu », explique l'analyste.
En ce qui concerne le rôle éventuel du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) dans l'équilibrage du marché du gaz, M. Knutsson estimé que la capacité de réserve du gaz et du GNL est très différente de celle du pétrole, de sorte que le GECF aura malheureusement une capacité limitée d'augmenter l'offre pour équilibrer le marché du gaz à court terme.
« Le plus grand exportateur de GNL au monde, le Qatar, exporte déjà au maximum de ses capacités. D'autres pays membres auront également un potentiel d'augmentation limité, soit en raison de l'arrivée à maturité de leurs actifs en amont (par exemple Trinidad), soit en raison de déficits gaziers au niveau national (par exemple l'Égypte - les exportations fonctionnent à des taux d'utilisation faibles) », a-t-il poursuivi.
