Lagazette

L´introduction des technologies numériques dans le corridor de transport international TRACECA renforcera l'attractivité de la route (Interview)

2 Mars 2021 07:45 (UTC+01:00)
L´introduction des technologies numériques dans le corridor de transport international TRACECA renforcera l'attractivité de la route (Interview)
L´introduction des technologies numériques dans le corridor de transport international TRACECA renforcera l'attractivité de la route (Interview)

Paris / Lagazetteaz

Le représentant permanent (secrétaire national) de la commission intergouvernementale du Secrétariat permanent du corridor Europe-Caucase-Asie (TRACECA) en Azerbaïdjan, Rufat Bayramov, a accordée une interview à Lagazetteaz concernant un certain nombre de projets en cours et prévus de l'Organisation.

La question de la signature d'un nouvel accord pour l'obtention d'un permis de transit unique TRACECA, au sein duquel un groupe de travail spécial a été créé, est à l'ordre du jour aujourd'hui, a déclaré M. Bayramov.

« Nous discutons déjà de la possibilité d'appliquer un accord de transit unique entre les pays membres du corridor TRACECA : ce document permettra en fait de gagner du temps et de réduire certains coûts pour le transport des marchandises, et sa mise en œuvre dans le cadre des travaux du TRACECA accélérera la numérisation des échanges d'informations entre les pays.

Il existe certaines limites pour le transport des marchandises, qui sont régies par des accords bilatéraux sur leur transit, mais nous essayons maintenant de promouvoir ce projet pour nous débarrasser des documents superflus entre les pays, ce qui accélérera en fin de compte le temps nécessaire pour traverser les frontières entre les pays membres du corridor TRACECA.

Ce projet prévoit la création d'un écosystème spécial (plate-forme) au sein duquel les services douaniers, les transporteurs de fret et les autres contractants pourront échanger des informations fiables sur les marchandises en transit sur les territoires des pays membres du TRACECA », a-t-il dit.

Le représentant permanent a en outre fait remarquer que le gain de temps de trajet augmenterait l'attrait de l'itinéraire et offrira des possibilités d'étendre la géographie du corridor TRACECA : « Actuellement, il existe une concurrence dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, tant entre les routes terrestres et maritimes qu'entre les différents corridors terrestres reliant l'Europe à l'Asie. En conséquence, la présence d'avantages supplémentaires pour l'un ou l'autre des corridors augmente son attractivité. La mise en œuvre de toutes ces mesures garantira l'expansion du chiffre d'affaires du fret du corridor TRACECA dans les directions Chine - Europe, Europe du Sud - Asie centrale et dans plusieurs autres directions », a-t-il noté.

M. Bayramov a également informé sur la mise en œuvre de plusieurs projets par l'Azerbaïdjan dans le cadre de l'e-TIR : « La question du transport pilote entre les quatre pays membres du TRACECA (Azerbaïdjan, Géorgie, Kazakhstan et Ouzbékistan) est également à l'ordre du jour. Jusqu'à présent, il n'y a pas eu de précédent de ce type entre les pays de la région.

En plus de tout cela, le projet e-CMR (document contractuel électronique) a été discuté, dont l'accord est à l'étude, c'est-à-dire l'adhésion de l'Azerbaïdjan à ce projet.

La procédure de coordination entre les organes de l'Etat est en cours, dont les résultats nous permettront bientôt de parler de la poursuite du développement du projet », a-t-il indiqué.

En s'agissant du développement des corridors de transport, il a souligné que l'une des principales activités du secteur des transports est le corridor TRACECA : « Il y a ici de nombreuses questions qui doivent être coordonnées dans le contexte du transbordement de marchandises à travers la mer Caspienne. Ce front est plus large puisqu'il comprend plusieurs modalités, c'est-à-dire le transport terrestre et maritime, les infrastructures portuaires et, par conséquent, l'interaction de tous ces segments est la plus importante et la plus intéressante à étudier.

Si nous parlons de transport de conteneurs, alors il est nécessaire de contrôler chaque étape du transport, à partir d'un camion ou d'un opérateur ferroviaire, son transbordement dans le port et son déplacement ultérieur.

À cet égard, un travail conjoint est en cours avec les institutions financières internationales, notamment avec des consultants de la Banque asiatique de développement (BAD) et de la Banque mondiale (BM).

Dans le cadre de cette coopération, un projet est en cours d'élaboration sur la transition complète de la documentation TRACECA vers un format électronique et la création d'un document multimodal unique. Concernant la vaste géographie et l'organisation du processus de travail des pays participants, la tâche principale est de développer un document commun qui prendra en compte les paramètres prévus dans l'application des différents systèmes.

L'autre activité du corridor TRACECA dans le cadre d'un accord de transit unifié est l'introduction des technologies numériques, dans le cadre de laquelle les pays participants étudient les possibilités d'utiliser certaines technologies, sur la base desquelles un produit et des plans pour la mise en œuvre de systèmes de suivi du mouvement des marchandises (temps d'arrêt des véhicules) seront développés en temps réel », a-t-il précisé.

« Nous envisageons la possibilité d'introduire des dispositifs supplémentaires, éventuellement aux frais de l'infrastructure existant », a estimé M. Bayramov.

Pour l’heure, selon le secrétaire national, les travaux sur l'adoption du projet et sa mise en œuvre jusqu'en 2026 sont en cours dans le cadre du suivi des cargaisons.

« Ce projet prévoit un tel système, qui permettra de suivre tous les moments en temps réel, et permettra également d'effectuer des mesures sur les zones problématiques que nous avons. Le Secrétariat sera en mesure de répondre en temps réel (mode centre d'appel) aux questions des conducteurs qui pourraient se poser à un point de passage frontalier ou dans un port particulier.

Nous sommes actuellement en train d'élaborer une nouvelle carte. Dans un avenir proche, nous aurons déjà une carte des nouvelles routes du corridor TRACECA.

En plus de tout cela, l'une des questions d'actualité du TRACECA est aujourd'hui l'harmonisation du cadre juridique et la simplification des procédures de passage des frontières.

Une partie des participants au projet de corridor TRACECA sont membres du système EurAsEC (presque tous les pays d'Asie centrale), tandis qu'une autre partie, dont l'Azerbaïdjan, est intégrée au système douanier européen (le nouveau système de transit informatisé - NSTI). L'objectif principal du TRACECA est de fournir les recommandations les plus correctes aux pays afin d'unifier les questions de contrôle douanier.

Dans ce contexte, la numérisation revient sur le devant de la scène.

Malheureusement, jusqu'à ce jour, il y a beaucoup de paperasserie, ce qui entraîne des retards importants dans les ports maritimes et aux points de contrôle aux frontières. Le travail qui peut être effectué en 3-4 heures est parfois reporté à 15-16 heures », a-t-il poursuivi.

À la fin de notre interview, le secrétaire national a fait le point sur l'accord conclu le 11 janvier 2021 à la suite d'une réunion trilatérale des Présidents de l'Azerbaïdjan, de la Russie et du premier ministre arménien.

Il a affirmé que, compte tenu du fait que l'Azerbaïdjan et l'Arménie sont tous deux membres du corridor TRACECA, le déblocage de toutes les liaisons économiques et de transport entre ces deux pays n'aura qu'un impact positif pour le TRACECA en termes de transport de marchandises.

« Tout d'abord, ce sera un facteur positif pour la République autonome du Nakhitchevan, car les livraisons terrestres seront établies, le flux de marchandises entre la Turquie et l'Asie centrale augmentera. Il existe aujourd'hui un grand potentiel entre ces deux géographies. Pour l'Azerbaïdjan, un facteur positif est la création de nouveaux emplois, ainsi que l'intégration des pays membres du corridor TRACECA.

Cela aura également un impact positif pour l'Arménie, puisqu'elle pourra obtenir un accès direct aux marchés étrangers. En fait, l'Arménie se trouve actuellement dans un blocus de transport avec la seule possibilité d'accès au principal marché russe via la Géorgie. En raison du terrain montagneux difficile sur la route Upper Lars (Géorgie), cette voie de transport ne fonctionne pas toujours en hiver, ce qui augmente le coût du transport de marchandises. Avec la route qui traverse l'Azerbaïdjan, la partie arménienne pourra livrer sa cargaison sur le marché russe plus rapidement et à moindre coût.

Par ailleurs, l'ouverture de ces routes permettra à l'Azerbaïdjan d'accroître le commerce bilatéral avec la Turquie. En fait, la communication par transport entre l'Azerbaïdjan et la Turquie sera possible en seulement cinq heures.

Outre le trafic de marchandises, l'ouverture de ces lignes permettra également d'assurer le trafic de passagers. Nos citoyens pourront visiter la Turquie par voie terrestre en passant par le Nakhitchevan, ce qui donnera une bonne impulsion au potentiel touristique des pays de ces régions en plus du développement économique, et contribuera de manière significative à transformer l'Azerbaïdjan en un grand centre logistique régional », a opiné Rufat Bayramov.

Propos recueillis par Sadraddin Aghjayev

Loading...
L'info de A à Z Voir Plus