L'EUROPE DOIT ACCÉLÉRER L'ÉLECTRIFICATION ET COMBLER LE DÉFICIT D'INVESTISSEMENT"
Paris / La Gazette
L'Union européenne dépend encore fortement des combustibles fossiles et fait face à des défis urgents dans la course à la décarbonisation et à la sécurisation de son avenir énergétique, a déclaré Ditte Juul Jørgensen, Directrice générale de l'énergie à la Commission européenne, lors de la Semaine européenne de l'énergie durable.
"Nous avons encore une part significative d'énergie fossile dans notre système énergétique. C'est environ deux tiers au total”, a estimé Mme Jørgensen. "Bien que notre électricité soit désormais assez propre avec de hauts niveaux de renouvelables, y compris le nucléaire, le mix énergétique global pour le transport et l'industrie inclut encore beaucoup de fossiles. Et quand nous parlons de fossiles, alors presque tout est importé."
Mme Jørgensen a souligné le rôle central de l'électrification dans la transition énergétique de l'Europe, en mettant en avant ses avantages non seulement pour les objectifs climatiques mais aussi pour les coûts et la sécurité énergétique. Cependant, elle a reconnu que les progrès ont stagné.
"Notre taux d'électrification a en fait stagné. Nous sommes autour de 23 %, comparé à la Chine, qui est au-dessus de 30 %,” a-t-elle déclaré. L'une des raisons en est la lenteur extrême des autorisations en ce qui concerne l'expansion des réseaux et des énergies renouvelables. Cela prend entre sept et dix ans pour les nouveaux projets", a-t-elle esquissé.
Mme Jørgensen a averti d'un manque critique d'investissements, appelant à une mobilisation financière décisive. "Nous avons besoin d'environ 600 milliards d'euros par an entre maintenant et 2030, et plus encore après cela. Et nous pouvons voir que nous ne parvenons tout simplement pas à atteindre cet objectif pour le moment."
Abordant des pressions géopolitiques et économiques plus larges, elle a noté : "Il y a un moment décisif dans la politique énergétique, et le paysage mondial est marqué par l'incertitude et le changement rapide. La compétitivité européenne est sous pression. Nous avons vu des emplois se délocaliser. Nous avons vu la capacité de production se fermer."
Les prix élevés de l'énergie restent une préoccupation centrale tant pour l'industrie que pour les ménages à travers l'UE. "Ces prix de l'énergie constamment élevés à travers l'Union européenne mettent nos industries à rude épreuve", a-t-elle déclaré. "Elles sont environ deux ou trois fois plus élevées par rapport aux États-Unis."
En réfléchissant à la crise énergétique de 2022, elle a évoqué : "Au sommet de la crise énergétique à l'été 2022, nous avons vu les prix atteindre environ 300 € par MWh pour le gaz. Ils sont maintenant descendus vers 30 € – un changement très significatif. Mais néanmoins, les prix restent plus élevés qu'avant la pandémie de COVID."
Mme Jørgensen a cité des initiatives de l'UE telles que le Plan d'Action pour une Énergie Abordable et le Pacte pour une Industrie Propre comme preuve de la position proactive du bloc. "Nous avons de la stabilité et de la prévisibilité. Nous avons très clairement défini où nous voulons être en 2050. Pour les investisseurs, pour les entreprises, c'est le facteur le plus important."
Elle a souligné les progrès du bloc en matière de déploiement des énergies propres : "Nous avons maintenant environ 78 gigawatts de capacité installée, et cela devrait augmenter à 89 gigawatts en 2025. Nous sommes en bonne voie pour atteindre nos objectifs pour 2030 et au-delà."
En soulignant le marché intérieur de l'UE comme un atout majeur, elle a conclu : "Nous avons bien un marché intérieur de l'énergie. Cela signifie que nous pouvons sécuriser les approvisionnements en énergie et en électricité, et nous pouvons les fournir à des coûts inférieurs."
Les remarques de Mme Jørgensen interviennent à un moment critique alors que l'UE intensifie ses efforts pour construire un système énergétique résilient et vert tout en maintenant la compétitivité économique dans un environnement mondial volatile.
