L'ÉCONOMIE MONDIALE EST ENLISÉE DANS UNE CROISSANCE FAIBLE ET UNE INFLATION GALOPANTE, ESTIME LA DIRECTRICE DU FMI
Paris / La Gazette
L'économie mondiale s'est avérée remarquablement résistante à de multiples chocs, mais doit encore surmonter la combinaison d'une croissance faible et d'une inflation élevée, a déclaré jeudi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.
La projection du FMI d'une croissance mondiale de 2,8 % pour 2023 « n'est pas suffisante pour offrir des opportunités aux entreprises et aux populations du monde entier, et le plus inquiétant est la projection d'une croissance faible sur une période plus longue », a estimé Mme Georgieva lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington.
Mardi, le FMI a averti qu'une nouvelle flambée de turbulences dans le système bancaire, entraînant une réduction des prêts et une ruée vers les valeurs refuges, pourrait ramener la croissance mondiale à 1 %, entraînant de nombreuses économies dans la récession et mettant à rude épreuve les économies de marché émergentes.
Après s'être remis de la pandémie de COVID-19 et avoir subi les revers d'une inflation élevée et des retombées de la guerre en Ukraine, les décideurs politiques ont deux tâches majeures à accomplir à court terme : lutter contre l'inflation persistante et préserver la stabilité financière, a expliqué Mme Georgieva.
Ces deux tâches sont devenues plus complexes en raison des pressions bancaires résultant de la faillite de deux banques régionales américaines et de la vente forcée du prêteur mondial Credit Suisse.
L'économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, a indiqué à Reuters mardi que les décideurs politiques ne devraient pas interrompre leur lutte contre l'inflation en raison de préoccupations liées à la stabilité financière.
Mme Georgieva a également insisté que la vigilance à l'égard des risques émergents « est absolument primordiale ».
« Les banques centrales devraient traiter les risques de stabilité financière lorsqu'ils émergent, en travaillant étroitement avec les régulateurs et les superviseurs », a-t-elle exhorté.
« L'essentiel est de surveiller les risques qui peuvent se cacher dans l'ombre, dans les banques et les institutions financières non bancaires ou dans des secteurs tels que l'immobilier commercial », a-t-elle ajouté.
Le FMI a publié sa plus faible projection de croissance mondiale sur cinq ans depuis qu'il a commencé à émettre de telles prévisions en 1990, avec une croissance prévue de 2,8 % en 2023, puis oscillant autour de 3 % jusqu'en 2028.
Selon Mme Georgieva, cette situation s'explique par le retard de productivité et le risque de fragmentation de l'économie mondiale.
Les prévisions « ne sont pas horribles. Nous ne sommes pas en récession », s'est-elle encore réjouie. « Selon moi, nous ne sommes pas dans une situation idéale, les risques augmentent, mais nous avons déjà fait preuve d'une résistance remarquable au cours des dernières années », a-t-elle poursuivi.
