L'AZERBAÏDJAN APPELLE À LA SUSPENSION DES CONFLITS DANS LE MONDE PENDANT LES DEUX SEMAINES D'ACCUEIL DE LA COP 29
Paris / La Gazette
L'Indian Express a publié une interview de Hikmet Hadjiyev, assistant du président de l'Azerbaïdjan et chef du département de politique étrangère de l'administration présidentielle.
L'Azerbaïdjan, qui accueille cette année la conférence sur le changement climatique, espère convaincre les belligérants Russie-Ukraine et Israël-Hamas d'accepter une trêve pour se concentrer sur la question du changement climatique. L'événement, d'une durée de deux semaines, se tiendra à la mi-novembre.
"Nous espérons accueillir une conférence de la paix. Au moins pendant la COP (Conférence des parties, nom officiel des négociations sur le climat), tous les canons devraient s'arrêter. Les canons devraient s'arrêter et nous devrions tous travailler et nous concentrer sur la question du climat, si ce n'est pas pour notre propre bien, mais pour celui de nos enfants et de nos petits-enfants", a déclaré Hikmet Hadjiyev, conseiller en politique étrangère du président azerbaïdjanais Ilhan Aliyev, lors d'un entretien avec des journalistes indiens.
La guerre entre la Russie et l'Ukraine, qui dure depuis deux ans, et le conflit israélo-palestinien depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre, se déroulent tous deux dans le voisinage élargi de la république d'Asie centrale d'Azerbaïdjan. Ces deux guerres ne font pas que détourner l'attention du problème climatique, elles ont aussi leur propre impact sur l'aggravation de la crise climatique.
L'Azerbaïdjan est lui-même impliqué dans un conflit de longue date avec son voisin l'Arménie au sujet de la région du Karabakh. Mais en décembre de l'année dernière, les deux pays ont exprimé leur intention de normaliser leurs relations et de conclure un traité de paix dans le cadre d'un accord surprise. Cet accord a également ouvert la voie à l'organisation de la COP en Azerbaïdjan, ce à quoi l'Arménie s'était opposée jusqu'alors.
M. Hadjiyev a renchéri que son pays offrirait son propre exemple pour tenter de convaincre les autres pays de cesser les hostilités pendant la COP.
"Nous l'avons montré dans notre région, avec la déclaration commune de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan sur la paix l'année dernière. Le conflit est terminé, et cet événement (l'accueil de la COP) en est l'un des principaux motifs. Pour la première fois dans l'histoire de l'indépendance de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, la paix règne sur le terrain", s'est-il réjouit.
"Nous essayons d'obtenir un soutien pour notre initiative. Nous avons parlé à nos homologues de l'ONU et à plusieurs pays et avons reçu une réponse positive", a-t-il ajouté.
L'idée d'une "trêve de la COP" est similaire à la tradition de la trêve olympique, qui prévoit généralement une cessation des hostilités pendant les Jeux olympiques d'été et d'hiver, à partir d'une semaine avant les Jeux et jusqu'à une semaine après la fin de ceux-ci. D'ailleurs, l'attaque russe contre l'Ukraine le 24 février 2022 a eu lieu quatre jours seulement après la fin des Jeux olympiques d'hiver à Pékin cette année-là. Cette année, les Jeux olympiques d'été se dérouleront du 26 juillet au 11 août.
M. Hadjiyev a reconnu que les deux guerres avaient entraîné de profondes divisions géopolitiques dans le monde et qu'il était donc extrêmement difficile pour les pays de parvenir à un consensus sur quelque question que ce soit, y compris le changement climatique.
"Malheureusement, le monde est divisé. En particulier, les pays d'Eurasie sont profondément divisés. Le contexte géopolitique actuel est tel qu'il semble que l'énigme de la guerre froide, dans une manifestation bien pire, soit de retour dans les relations internationales. Dans de telles circonstances, il est très difficile de parvenir à un consensus sur quoi que ce soit, y compris sur le climat", a exhorté le diplomate azéri.
"L'approche de l'Azerbaïdjan (en tant qu'hôte de la COP29) est d'essayer de faire comprendre à tout le monde que la question du climat est très différente. Sur les questions géopolitiques et de sécurité, les pays peuvent se situer de part et d'autre de la barrière, mais le climat concerne tout le monde, partout. Nous nous efforcerons de créer une attitude mondiale unanime à ce sujet. C'est pourquoi nous espérons que les pays occidentaux et la Russie seront en mesure de considérer l'Azerbaïdjan comme le lieu où se réunir sur la question du climat et forger un consensus, une compréhension commune et un accord", a-t-il poursuivi.
