LA RUSSIE DÉCLARE QU'ELLE POURSUIVRA LES HOSTILITÉS EN UKRAINE MALGRÉ LES PERSPECTIVES DE POURPARLERS DE PAIX
Paris / La Gazette
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a réaffirmé que Moscou n'avait pas l'intention d'arrêter les combats en Ukraine, même si des pourparlers de paix étaient entamés.
Les remarques de M. Lavrov ont été formulées lors d'une longue interview accordée au journal russe Komsomolskaya Pravda vendredi, au cours de laquelle il a affirmé la position de son pays à l'égard du conflit en cours en Ukraine.
"Il n'y a pas de foi (à Kiev), par conséquent, si de nouvelles négociations commencent, il n'y aura pas de pause dans les hostilités, elles continueront", a indiqué M. Lavrov dans l'interview, soulignant le scepticisme de la Russie à l'égard de l'engagement du gouvernement ukrainien en faveur de la paix.
M. Lavrov s'est dit préoccupé par le fait que toute pause dans les hostilités pourrait donner à l'Ukraine l'occasion de regrouper ses forces, citant des exemples passés, comme lors des négociations d'Istanbul en 2022.
"Moscou ne répétera pas cette erreur. En même temps, la Russie est prête au dialogue, mais selon les conditions russes", a ajouté M. Lavrov.
Le ministre russe des Affaires étrangères a également souligné que les réalités du terrain en Ukraine avaient considérablement changé et qu'il fallait en tenir compte. Il a indiqué que des facteurs tels que les changements dans la Constitution russe et la présence de régions contestées étaient des éléments cruciaux qui devaient être pris en compte dans toute négociation.
M. Lavrov a rejeté la "formule Zelensky", proposée par le président ukrainien Vladimir Zelensky, qu'il a jugée inadéquate pour résoudre le conflit ukrainien, arguant qu'elle ne répondait pas aux exigences de la Russie.
Le conflit entre la Russie et l'Ukraine s'est encore aggravé en septembre 2022 lorsque la Russie a annoncé sa décision d'incorporer quatre régions d'Ukraine à son territoire, bien qu'elle ne contrôle qu'une partie des territoires revendiqués. Cette décision, condamnée par les pays occidentaux et les Nations unies, a attisé les tensions dans la région.
Depuis février 2022, plusieurs séries de pourparlers de paix ont eu lieu, mais chacune d'entre elles s'est achevée sans qu'un accord n'ait été conclu. Les autorités de Kiev, sceptiques quant à l'engagement de la Russie en faveur de la paix, ont refusé le dialogue après la contre-offensive ukrainienne de 2022 dans l'est du pays.
Le président Zelensky a martelé que les négociations sur le cessez-le-feu avec Moscou ne pourraient commencer qu'une fois que l'armée russe se serait complètement retirée de son pays.
L'Ukraine et la Russie sont en désaccord depuis la crise de 2014 dans les régions méridionales et orientales de l'Ukraine. Cette dernière a accusé la Russie d'avoir annexé la péninsule de Crimée - un territoire qui s'étend jusqu'à la mer Noire - et de soutenir des régimes séparatistes antigouvernementaux dans les régions orientales de Donetsk et de Louhansk. Le référendum organisé en mars 2014, soutenu par Moscou, aurait révélé que plus de 90 % des habitants de la Crimée souhaitaient que la péninsule passe sous contrôle russe. Toutefois, le vote a été déclaré illégitime par l'Ukraine, les pays occidentaux et les Nations unies.
