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UN "FORUM" SUR L'ISLAM ORGANISÉ EN FÉVRIER EN FRANCE

10 Décembre 2021 07:23 (UTC+01:00)
UN "FORUM" SUR L'ISLAM ORGANISÉ EN FÉVRIER EN FRANCE
UN "FORUM" SUR L'ISLAM ORGANISÉ EN FÉVRIER EN FRANCE

Paris / La Gazette

Le gouvernement français entend organiser en février un « forum de l'islam » portant sur la formation des imams ou le droit du culte, a-t-on appris jeudi auprès du ministère de l'Intérieur, qui entend poursuivre dans sa « logique de partenariat » avec les acteurs locaux.

Y participeront à Paris autour du ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, quelque « 80 à 100 personnes : responsables cultuels, imams, membres de la société civile », a dit à l'AFP l'entourage du ministre.

Ce forum fait suite aux « assises départementales » du printemps, à partir desquelles quatre groupe de travail ont été constitués pour travailler sur « les aumôneries, la formation des cadres religieux, le droit des cultes et les actes anti-musulmans », a-t-on ajouté.

Le forum de février sera l'occasion de faire la « synthèse de ces travaux », selon le ministère, avant des assises territoriales sur le terrain.

« On change de logique: on avait quelque chose de très formel, qui fonctionnait autour du Conseil français du culte musulman (CFCM) », a dit l'entourage de M. Darmanin, mais ce dernier s'avère « complètement paralysé depuis un an », notamment par des « jeux d'influence et des jeux de pouvoir » ou des « fractures idéologiques ».

« On passe à un appel aux bonnes volontés, aux idées de ceux qui s'investissent réellement sur un bon nombre de sujets », poursuit-on de même source, « il s'agit de passer à une logique +partenariale+ ».

Interlocuteur historique des pouvoirs publics sur le culte musulman, le CFCM, créé en 2003 et qui regroupe des fédérations de mosquées, est plongé dans la tourmente depuis que le gouvernement a voulu faire adopter une « Charte des principes pour l'islam de France », réclamée par le président Emmanuel Macron après son offensive contre le « séparatisme ».

En janvier, trois fédérations, dont les deux d'origine turque - le Millî Görüs et le Comité de coordination des musulmans turcs de France - ont rejeté ce texte, qui dénonce « l'instrumentalisation » politique de l'islam, proscrit « l'ingérence » d'Etats étrangers et réaffirme la « compatibilité » de l'islam avec la République française.

Après ce refus, la Grande Mosquée de Paris, Les Musulmans de France (ex-UOIF), le Rassemblement des Musulmans de France, la Fédération Française des Associations Islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles, ont annoncé en mars quitter le bureau exécutif du CFCM pour fonder leur propre « coordination ». Le 17 novembre, ces fédérations annonçaient la création de leur propre Conseil National des Imams.

Cette volonté du Ministère de l'Intérieur d'organiser l'Islam à sa main inquiète beaucoup d'observateur, et également les responsables des autres cultes qui y voient la première étape d'un programme d'ingérence de l'Etat dans les affaires religieuses, ce qui est contraire au principe de laïcité. Il est d'ailleurs peu probable que, pour cette même raison, ce forum rencontre plus d'adhésion que les tentatives précédentes. Les points de la Charte des imams qui posaient problème, comme l'interdiction faites aux imams d'évoquer la notion de "racisme d'Etat", n'a pas plus de chance d'être acceptée demain qu'hier.

La droitisation de la campagne électorale, et l'instrumentalisation de l'Islam comme bouc émissaire des maux de notre société, fait craindre la perspective d'un vote communautaire. La division de la population musulmane reste, pour certains, le meilleur bouclier à ce danger et permet notamment, sans risque de se voir opposer un front commun, de fermer, pour des raisons telles que la mauvaise gestion, les normes de sécurité, lieux de prières, écoles, associations. Curieusement, le Bureau Central des Cultes du Ministère de l'Interieur reste, pour l'instant, sourd aux propositions qui permettraient de trouver une solutions à ces problèmes, comme celle, par exemple, proposée récemment par des universitaires, de créer des cycles formation à la gestion des responsables d'association.

Comme si organiser l'Islam de France n'était qu'une volonté de façade destinée à faire croire que les musulmans français sont incapables de se fondre dans le moule de la République. C'est précisément ce qu'affirme l'ensemble des candidats de droite à la Présidentielle.

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