Twitter suspend plusieurs journalistes et Musk cite le "doxxing" de son jet
Paris / La Gazette
Twitter a suspendu jeudi 15 décembre les comptes de plusieurs journalistes de renom qui ont récemment écrit sur son nouveau propriétaire Elon Musk, le milliardaire ayant tweeté que les règles interdisant la publication d'informations personnelles s'appliquaient à tous, y compris aux journalistes.
En réponse à un tweet sur les suspensions de comptes, Musk, qui s'est décrit comme un absolutiste de la liberté d'expression, a tweeté : « Les mêmes règles de doxxing s'appliquent aux 'journalistes' et à tous les autres », une référence aux règles de Twitter interdisant le partage d'informations personnelles, appelé doxxing.
Le tweet de Musk faisait référence à la suspension par Twitter, mercredi, de @elonjet, un compte qui suit son jet privé en temps réel à l'aide de données disponibles dans le domaine public. Musk avait menacé d'intenter une action en justice contre l'opérateur du compte, affirmant que son fils avait été suivi par erreur par un « harceleur fou ».
Il n'était pas clair que tous les journalistes dont les comptes ont été suspendus aient commenté ou partagé des informations sur @elonjet.
« Me critiquer toute la journée est tout à fait correct, mais doxxer ma localisation en temps réel et mettre en danger ma famille ne l'est pas », a tweeté Musk jeudi.
Il avait tweeté le mois dernier que son engagement envers la liberté d'expression allait « jusqu'à ne pas interdire le compte qui suit mon avion, même si cela représente un risque direct pour sa sécurité personnelle ».
Jeudi, il a annoncé sur Twitter qu'il y aurait une suspension de sept jours pour le doxxing, suivie d'un sondage demandant aux utilisateurs de Twitter de voter sur la date de réintégration des comptes doxxés.
Il a ensuite déclaré qu'il avait proposé trop d'options dans le sondage et qu'il le referait, après que les résultats aient montré que 43 % des personnes interrogées avaient voté pour le rétablissement des comptes « maintenant », soit le pourcentage le plus élevé pour toutes les options.
Twitter n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.
Ces suspensions font écho aux actions chaotiques menées par Twitter depuis que Elon Musk en a pris la direction, notamment les licenciements rapides de cadres supérieurs et de milliers d'employés, les hésitations sur le prix à facturer pour le service d'abonnement Twitter Blue et le rétablissement de comptes interdits, dont celui de l'ancien président Donald Trump.
Twitter s'appuie désormais fortement sur l'automatisation pour modérer les contenus, en supprimant certains examens manuels et en privilégiant les restrictions de diffusion plutôt que la suppression pure et simple de certains discours, a déclaré ce mois-ci à Reuters sa nouvelle responsable de la confiance et de la sécurité, Ella Irwin.
Parmi les comptes de journalistes suspendus jeudi figure celui du journaliste du Washington Post Drew Harwell (@drewharwell), qui a écrit sur la plateforme de médias sociaux Mastodon qu'il avait récemment écrit sur Musk et publié des liens vers des « données disponibles publiquement et acquises légalement. »
Twitter a également suspendu le compte officiel de Mastodon (@joinmastodon), qui s'est imposé comme une alternative à Twitter. Mastodon n'a pas pu être joint immédiatement pour un commentaire.
Sally Buzbee, rédactrice en chef du Post, a déclaré que la suspension de Harwell sapait les affirmations de Musk selon lesquelles il avait l'intention de gérer Twitter comme une plateforme dédiée à la liberté d'expression.
Mme Harwell a toutefois pu s'exprimer dans le cadre d'une conversation sur les espaces Twitter avec des collègues journalistes, tard dans la soirée de jeudi, conversation à laquelle Musk lui-même a brièvement participé.
Mercredi, Twitter a mis à jour sa politique interdisant le partage des "informations de localisation en temps réel".
Les comptes du journaliste du Times Ryan Mac (@rmac18), du journaliste de CNN Donie O'Sullivan (@donie) et du journaliste de Mashable Matt Binder @MattBinder ont également été suspendus, tout comme celui du journaliste indépendant Aaron Rupar (@atrupar), qui couvre la politique américaine.
CNN a déclaré qu'elle avait demandé à Twitter une explication sur les suspensions et qu'elle réévaluerait sa relation avec la plateforme en fonction de cette réponse.
