LE CHEF DE LA DIPLOMATIE CHINOISE MULTIPLIE LES AVERTISSEMENTS À PROPOS DE TAÏWAN
Paris / La Gazette
Le ministre chinois des Affaires étrangères a déclaré vendredi que tous ceux qui vont à l'encontre de la demande de Pékin d'exercer un contrôle sur l'île autonome de Taïwan « jouent avec le feu ».
Les remarques de Qin Gang ont été faites à la fin d'un discours sur la contribution de la Chine à l'économie mondiale et aux intérêts des pays en développement, dans lequel il a fait l'éloge à plusieurs reprises de l'initiative de sécurité globale du secrétaire général du parti communiste, Xi Jinping.
Ce concept est la dernière des mesures prises par la Chine pour positionner son système politique à parti unique, qui revendique la stabilité sociale et la croissance économique, comme une alternative à l'approche libérale occidentale qui définit en grande partie les relations internationales.
Vers la fin de son discours dans le centre financier de Shanghai, M. Qin a abordé ce que la Chine appelle le « problème de Taïwan », en utilisant des termes plus durs que ceux que les diplomates chinois ont généralement employés par le passé dans des contextes internationaux.
« La sauvegarde de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale est irréprochable », a estimé M. Qin.
« Le problème de Taïwan est au cœur des intérêts fondamentaux de la Chine », a évoqué le chef de la diplomatie chinoise . « Nous ne reculerons jamais devant un acte qui porte atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine. Ceux qui jouent avec le feu sur la question de Taïwan se brûleront eux-mêmes », a-t-il ajouté.
De telles remarques sont généralement adressées au gouvernement démocratiquement élu de l'île, dirigé par la présidente Tsai Ing-wen, et à son principal allié, les États-Unis. La Chine considère Taïwan comme une partie de son territoire à annexer par la force si nécessaire.
Au début du mois d'avril, la Chine a organisé des exercices aériens et maritimes à grande échelle dans les zones entourant Taïwan, en représailles à la rencontre de Mme Tsai avec le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy, le 5 avril en Californie. La Chine a averti que ces exercices simulant un encerclement de Taïwan constituaient un « sérieux avertissement » pour les politiciens indépendantistes de l'île autonome et leurs partisans étrangers.
Ces dernières années, la Chine a intensifié sa pression militaire et son isolement diplomatique à l'égard de Taïwan, envoyant presque quotidiennement des avions de chasse et des navires de guerre vers l'île.
Bien que Taïwan n'entretienne des relations diplomatiques officielles qu'avec 13 États souverains, elle conserve des liens solides avec la plupart des grandes nations, y compris les États-Unis.
Après la visite de l'ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Taïwan en août, la Chine a envoyé de plus en plus de navires militaires au-dessus de la ligne médiane du détroit de Taïwan, une frontière non officielle acceptée depuis des décennies.
Le rythme accéléré des activités militaires et le langage de plus en plus belliqueux de la Chine ont suscité des inquiétudes quant à un éventuel conflit dans l'une des régions les plus vitales du monde sur le plan économique. Taïwan produit une grande partie des puces informatiques dont le monde a tant besoin et le détroit de Taïwan, qui sépare l'île de la Chine continentale, est l'une des voies navigables les plus fréquentées au monde.
Taïwan élira un nouveau président et un nouveau parlement en janvier, la Chine étant considérée comme favorisant fortement le parti nationaliste de l'opposition, qui soutient l'unification politique entre les deux parties selon des termes qui restent à définir. Les autorités taïwanaises et américaines affirment que la Chine utilise le levier économique et la désinformation pour renforcer ses menaces militaires, mais la plupart des Taïwanais ayant répondu aux sondages soutiennent le statu quo de l'indépendance de facto.
