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Joseph Joubert (1754-1824)

LA GRÈCE VEUT PERMETTRE AUX BALKANS DE SE PASSER DU GAZ RUSSE

5 Mai 2022 12:10 (UTC+01:00)

Paris / La Gazette

« La Grèce se transforme rapidement et très méthodiquement en un hub énergétique de la région du sud-est de l’Europe… Nous serons bientôt en mesure de nous passer du gaz russe », a assuré Le premier ministre grec, M. Mitsotakis,

La Grèce veut permettre aux Balkans de se passer du gaz russe

Le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, s’est voulu optimiste, mardi 3 mai, lors de l’inauguration d’un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) au large de la ville d’Alexandroupoli, non loin de la frontière gréco-turque. « La Grèce se transforme rapidement et très méthodiquement en un hub énergétique de la région du sud-est de l’Europe… Nous serons bientôt en mesure de nous passer du gaz russe », a assuré M. Mitsotakis, en présence de ses homologues bulgare, serbe, macédonien et du président du Conseil européen, Charles Michel.

L’installation, ancrée à 18 kilomètres au large d’Alexandroupoli, devrait être pleinement opérationnelle d’ici à 2023 et résulte d’une coopération entre des sociétés grecques et bulgares. Son coût, de 360 millions d’euros, est en partie couvert par des fonds européens (à hauteur de 166 millions d’euros). Composé d’une unité flottante de stockage et de regazéification (pour remettre le GNL à l’état gazeux) d’une capacité annuelle d’environ 5 milliards de mètres cubes de gaz, le terminal sera relié à un gazoduc de 28 kilomètres, par lequel le GNL sera acheminé vers les marchés de la Grèce, de la Bulgarie, mais aussi de la Serbie et de la Macédoine du Nord. Avec ce projet, la Grèce va doubler sa capacité de regazéification de GNL de 7 milliards de mètres cubes aujourd’hui à plus de 15 milliards de mètres cubes.

Une « coopération urgente »

« Ce terminal a une capacité assez importante pour approvisionner toute la région des Balkans. Il a mis du temps à être conçu, mais la guerre en Ukraine a accéléré sa construction, et il permet à la Grèce de se positionner stratégiquement dans la région tout en contournant la Turquie, puisque le gaz ne passera pas par le territoire turc et sera acheminé directement par bateau dans le port d’Alexandroupoli », explique Charles Ellinas, chercheur sur les questions énergétiques pour l’Atlantic Council, un think tank américain.

« Le GNL qui sera acheminé à Alexandroupoli sera essentiellement américain », précise le chercheur. Les Etats-Unis ont, en effet, poussé à l’aboutissement du terminal, notamment grâce aux efforts de l’ambassadeur américain en Grèce, Geoffrey Pyatt, qui doit quitter Athènes dans les jours prochains pour Washington, où il a été nommé secrétaire d’Etat adjoint aux ressources énergétiques. « La carte des enjeux énergétiques dans la région a changé. Alexandroupoli a désormais acquis un rôle géostratégique important », a-t-il déclaré, mardi, aux médias grecs.

Si des différends et des problèmes bureaucratiques ralentissaient jusqu’à présent l’aboutissement du projet gréco-bulgare, « le récent chantage de Moscou, qui a coupé l’approvisionnement en gaz de certains pays de l’Union européenne, rend maintenant la coopération non seulement nécessaire mais urgente », a admis M. Mitsotakis.

Athènes s’est immédiatement porté volontaire pour aider Sofia à faire face à la nouvelle situation provoquée par la décision russe de stopper son approvisionnement en gaz. Environ 40 % des besoins de la Bulgarie en gaz sont couverts grâce à l’acheminement de GNL via le terminal grec de Revithoussa, près du port du Pirée. La Bulgarie et l’Azerbaïdjan ont conclu, par ailleurs, un contrat selon lequel Sofia importera chaque année un milliard de mètres cubes de gaz azerbaïdjanais qui passera par un gazoduc long de 182 kilomètres, reliant Stara Zagora, en Bulgarie, et Komotini, en Grèce. Sa construction a également été accélérée en raison de la guerre en Ukraine, et il devrait être prêt d’ici à fin juin. (Le monde )

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