L'AIDE EUROPÉENNE À LA PALESTINE PRISE EN OTAGE PAR UN COMMISSAIRE HONGROIS DE BRUXELLES
Le gel des financements de l’Union européenne (UE), qui s’ajoute au non-rétablissement des subsides américains interrompus du temps de Donald Trump et à l’assèchement des subventions des pays arabes, a des conséquences très concrètes. Il contribue à une baisse de 20 % des salaires des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne (AP) depuis novembre, prive 120 000 familles pauvres d’une allocation trimestrielle et déstabilise tout le secteur hospitalier de Jérusalem-Est, destinataire de 10 à 20 millions d’euros sur l’enveloppe de 215 millions.
« Cette affaire est un scandale absolu, Varhelyi pousse l’agenda pro-israélien de la Hongrie sans le moindre scrupule, s’indigne un diplomate d’un pays membre de l’UE, en référence à la proximité entre Orban et l’ex-premier ministre de l’Etat hébreu Benyamin Nétanyahou. Il n’est pas concevable de laisser la Commission prendre une décision contraire à la ligne du conseil des ministres des affaires étrangères. » Le service de presse de l’UE n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien avec un responsable de la direction générale au voisinage et à l’élargissement (la « DG Near », dans le jargon bruxellois).
Aussitôt, une dispute éclate au sein de la Commission. Oliver Varhelyi, qui se concentre sur les aspects négatifs du rapport, demande qu’un critère de conditionnalité soit introduit dans le versement de l’aide européenne à l’AP. Josep Borrell, le haut représentant pour la politique étrangère, s’y oppose. Il fait valoir qu’une telle initiative, une première dans l’histoire de l’UE, profiterait aux factions palestiniennes radicales et saperait le dialogue fructueux que Bruxelles a engagé avec le ministère de l’éducation palestinien.
La solution à cette affaire ubuesque est dans les mains d’Ursula von der Leyen. Elle seule peut exiger d’Oliver Varhelyi qu’il retire son projet et resoumette à la place le texte originel, sans clause de conditionnalité. « Le jour où ça se fera, prédit la source diplomatique, le plan de financement de l’Autorité palestinienne passera en quarante-huit heures. » ( Le Monde)