« L'Iran est intéressé par la prolongation du contrat d'achat d'électricité à l'Azerbaïdjan » - INTERVIEW exclusif avec l'Ambassadeur iranien
Bakou / Lagazetteaz
Interview exclusive de l`Agence de presse internationale Trend avec Seyed Abbas Moussavi, nouvel Ambassadeur d'Iran en Azerbaïdjan
Coopération économique entre l'Azerbaïdjan et l'Iran
« Il ne fait aucun doute que les peuples iranien et azerbaïdjanais, amicaux et frères, ont beaucoup en commun en termes d'histoire, de géographie, de culture et de religion, c'est pourquoi je me sens chez moi dans ce beau pays. Je peux dire qu'il n'y a pas deux autres pays dans le monde qui soient aussi proches l'un de l'autre. Ces valeurs communes ont constitué un grand potentiel pour le développement de la coopération bilatérale dans le domaine économique. Mais je pense que le potentiel existant n'est pas suffisamment utilisé pour le développement des relations économiques. En d'autres termes, ces liens ne se sont pas développés en parallèle avec les relations politiques positives existantes. Par conséquent, l'une de mes principales tâches en tant qu'Ambassadeur est de développer les relations économiques entre l'Iran et l'Azerbaïdjan », dit M. Moussavi.
L'Ambassadeur souligne que, tout naturellement, les anciens représentants de l'Ambassade d'Iran en Azerbaïdjan ont contribué à la mise en œuvre de projets communs importants pour le renforcement des relations économiques en prenant des mesures dans ce sens. « De ce fait, j'exprime ma gratitude à tous ceux qui ont fait des efforts, en particulier les précédents Ambassadeurs. Je tiens à souligner que lors de la présentation de mes lettres de créance au Président de la République d'Azerbaïdjan M.Ilham Aliyev, le chef de l'État a évoqué l'importance de l'Iran dans les relations économiques et, en mentionnant les projets communs, a souligné l'importance de la coopération mutuelle des fonctionnaires des deux pays pour leur mise en œuvre dans un court lap de temps. Par conséquent, étant donné l'attention et la forte volonté politique des deux chefs d'État de maximiser le développement des relations économiques bilatérales, ma responsabilité et celle de mon cher ami, l'Ambassadeur d'Azerbaïdjan en Iran, Bunyad Huseynov, augmentera », marque le diplomate.
M. Moussavi indique que le chiffre d'affaires commercial entre les deux pays n'est pas suffisant, de l'ordre de 500 millions de dollars par an : « Cela est bien en deçà des attentes. Je pense que grâce à une coopération étroite et à la mise en œuvre de projets communs supplémentaires, le chiffre d'affaires commercial peut être augmenté jusqu'à 5 milliards de dollars par an. Naturellement, la propagation de la pandémie de COVID-19 au cours des 7-8 derniers mois a réduit les relations commerciales entre les deux pays. J'espère que des mesures équilibrées permettront d'éliminer les lacunes qui sont apparues au cours de cette période. Par conséquent, dans les semaines à venir, nous tiendrons des consultations avec les représentants de différents secteurs économiques de l'Azerbaïdjan, et nous essaierons d'éliminer les problèmes et les obstacles. »
Travaux dans le cadre du corridor international de transport « Nord-Sud »
Comme l'a fait remarquer l'Ambassadeur iranien, le corridor de transport international « Nord-Sud » est l'un des corridors régionaux et mondiaux les plus importants : « D'une part, ce corridor relie les réseaux ferroviaires de l'Iran et de l'Azerbaïdjan, d'autre part, c'est une infrastructure qui met en place une opportunité pour le transport de diverses marchandises depuis l'Inde vers la Russie, et même depuis l'Asie de l'Est au continent européen. Comme ce corridor est l'une des voies de transit les plus avantageuses et les plus sûres, il constitue l'un des principaux projets de l'Iran et de l'Azerbaïdjan. »
« À l’heure actuelle, un certain nombre de mesures sont prises simultanément pour mettre ce projet en œuvre le plus rapidement possible. Parmi ces projets figurent la construction de la voie ferrée de Recht-Astara dans la province de Gilan, dans le nord de l'Iran, la construction d'un terminal ferroviaire à Astara, en Iran, ainsi que la construction de cinq ponts sur les rivières frontalières des deux pays. En raison de la pandémie, la mise en œuvre de ces projets a été rreportée de plusieurs mois, mais malgré cela, les travaux de construction vont bientôt reprendre comme convenu. Permettez-moi de vous rappeler que, comme certaines directions (ferroviaires) ne sont pas encore prêtes dans le corridor, les marchandises sont transportées à travers le golfe Persique jusqu'au terminal ferroviaire d'Astara et retour par fret et rail. En même temps, j'exprime ma profonde gratitude aux responsables azerbaïdjanais qui ont créé une opportunité pour le transit des marchandises pendant les premières périodes difficiles de la pandémie », explique le diplomate.
Coopération entre la SAO « Azerenerji » et la Société iranienne « Tavanir »
L'Ambassadeur a évoqué que la coopération dans le domaine de l'électricité entre l'Iran et l'Azerbaïdjan avait débuté en 2000 : « Les deux pays poursuivent leur coopération dans la création d'infrastructures d'échange et de transport d'électricité, et la construction de la ligne de transmission à haute tension Imishli (Azerbaïdjan) - Parsabad (Iran) en est un exemple. La partie iranienne considère ce coopération de manière positive, car tout accord constructif signé entre les deux pays, qui améliore et étend le bien-être social de nos peuples, est important. Bien entendu, la coopération entre la Société « Tavanir » et l'Azerbaïdjan est évaluée dans ce sens, et l'Iran essaie de poursuivre la coopération avec l'Azerbaïdjan, pays frère et ami, dans divers domaines, notamment dans le domaine de l'électricité.
La dernière fois, le contrat conclu entre la SAO « Azerenerji » et la Société iranienne « Tavanir » a été prolongé jusqu'à la fin de l'année le 25 mai 2020. Selon ce contrat, à partir du 6 juin 2020, l'Iran importe 160 mégawatts/heures d'électricité depuis l'Azerbaïdjan à Parsabad. Les deux parties manifestent la volonté de prolonger ce contrat et souhaitent poursuivre leur coopération. Des discussions ont eu lieu sur le format de coopération entre les groupes de travail techniques des deux pays. L'Iran s'intéresse à la prolongation du contrat ainsi qu'à une augmentation multiple du volume des importations d'électricité. L'Iran est également intéressé par des échanges bilatéraux dans ce domaine, et des discussions ont déjà eu lieu dans ce sens .
La partie iranienne tente d'augmenter les échanges d'électricité et de connecter les réseaux électriques des deux pays. En outre, les deux parties ont convenu de la construction d'une centrale électrique de 500 mégawatts/heure dans la région d'Astara en Azerbaïdjan. L'approvisionnement en gaz de cette centrale sera assuré par la partie iranienne, et l'électricité produite sera soit vendue à l'Iran, soit exportée vers d'autres pays. Naturellement, il y a des discussions sur le règlement du protocole d'accord, qui ne sont pas encore achevées », ajoute-t-il.
Sur la synchronisation des systèmes électriques des deux pays
L'Ambassadeur iranien a mentionné que des discussions tripartites étaient en cours sur la création d'un corridor énergétique entre l'Iran, l'Azerbaïdjan et la Russie, dans le cadre duquel une proposition de synchronisation des réseaux électriques de ces pays a été mise en avant.
« Ce projet est bénéfique pour les trois pays. Un accord a été conclu sur la connexion des réseaux électriques des trois pays et le partage de l'électricité produite. Si ce projet est lancé, la qualité et la sécurité des systèmes énergétiques de l'Azerbaïdjan, de l'Iran et de la Russie augmenteront considérablement. Selon les discussions et les accords techniques conclus entre les vice-ministres iranien, azerbaïdjanais et russe, la Société iranienne « Monenco Iran Consulting Engineers » mènera des études techniques et achèvera la construction d'infrastructures pour relier les réseaux électriques des trois pays. Ce processus a déjà commencé, il sera achevé dans les prochains mois, après quoi viendra l'étape de sa mise en œuvre.
En fait, la mise en œuvre de ce projet permettra de répondre aux besoins saisonniers en électricité des trois pays. On est conscients que les pays ont des niveaux de consommation d'électricité différents. Par exemple, en Iran, la consommation d'électricité atteint son maximum en été, alors qu'en Russie, elle se produit en hiver. En saisissant de cette opportunité, l'Iran peut, pendant la période de pointe de consommation d'électricité, utiliser de l'électricité supplémentaire provenant de Russie et, à d'autres moments, transporter la même quantité d'électricité vers la Russie via le réseau électrique azerbaïdjanais.», dit-il.
Pont énergétique Azerbaïdjan-Iran-Turquie
M. Moussavi déclare que des spécialistes iraniens et azerbaïdjanais ont tenu des discussions techniques sur le format de transport de l'électricité produite par l'Azerbaïdjan vers la Turquie via l'Iran : « Après les discussions, l'Iran peut recevoir l'électricité azerbaïdjanaise dans les régions frontalières et la transférer vers la Turquie à la frontière avec ce pays. J'espère que ces discussions seront bientôt terminées et que la coopération entre les trois pays amis et frères sera élargie. »
Au sujet des projets conjoints réalisés dans les provinces iraniennes voisines de l'Azerbaïdjan
« La construction du terminal ferroviaire à Astara, en Iran, est l'un des projets frontaliers des deux pays. Il ne fait aucun doute que les travaux dans ce sens devraient être accélérés. Il est prévu de créer un parc industriel commun entre le district de Parsabad dans la province d'Ardabil, située au nord-ouest de l'Iran, et le district d'Imishli en Azerbaïdjan. Ce plan est étudié par les comités techniques des deux pays pour la signature du mémorandum final. En outre, la construction d'un pont routier sur la rivière « Astarachaï », la connexion du chemin de fer Ardabil avec le chemin de fer azerbaïdjanais sont des projets à l'ordre du jour des deux pays. J'espère que nous assisterons bientôt à des progrès dans ce sens », martèle-t-il.
Perspectives de coopération bilatérale pendant la période postpandémique
« Ce qui est regrettable, c’est que la pandémie de coronavirus a eu un impact négatif grave non seulement sur les relations économiques entre l'Iran et l'Azerbaïdjan, mais aussi sur la plupart des pays du monde, ce qui a entraîné un déclin de l'activité économique. Afin de réduire l'impact négatif du coronavirus sur les relations commerciales entre les deux pays, au cours des derniers mois, les responsables iraniens et azerbaïdjanais ont tenu plusieurs réunions de haut niveau sous forme de vidéoconférence, afin d'examiner les moyens d'atténuer les dommages causés par cette pandémie dans les relations économiques. Afin de continuer à travailler sur des projets communs visant à renforcer les relations commerciales entre les deux pays, nous essayons d'obtenir l'autorisation pour certains investisseurs, fonctionnaires et personnes non officielles iraniens liés à ce domaine de venir en Azerbaïdjan en accord avec les structures concernées du pays », affirme Seyed Abbas Moussavi.
